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Intéressement et participation : les primes ont progressé plus vite que l'inflation



Vendredi 4 Juillet 2025 - 13:58

Au fil des décennies, les primes d'intéressement et de participation ont évolué bien plus vite que l’inflation, devenant des éléments centraux de la rémunération globale. Un phénomène à la fois économique et stratégique pour les entreprises, qui optimisent ainsi la motivation et la fidélisation de leurs collaborateurs.


Des montants qui défient l’inflation : une nouvelle norme salariale

Entre 1983 et 2023, la prime de participation a progressé de 5,7% par an en euros constants, surpassant largement l’inflation, qui a enregistré une augmentation moyenne de 2,1% sur la même période, nous apprend la DARES, le service des statistiques du ministère du Travail, dans sa dernière étude. En 1983, un salarié touchait en moyenne 1.253 euros ; en 2023, ce montant a presque doublé pour atteindre 1.961 euros. Une évolution qui témoigne non seulement d'une répartition plus large des profits, mais aussi de l’adaptation des entreprises à la réglementation et aux attentes des salariés.

Pour l’intéressement, la progression est similaire. Le montant moyen est passé de 1.216 euros en 1992 à 2.088 euros en 2023. Par leur croissance continue, ces primes témoignent d’une évolution stratégique dans les pratiques de rémunération, favorisant une rétribution variable en lien avec les performances.

L’épargne salariale, un outil stratégique d’optimisation fiscale et d’engagement

Le recours croissant à l’épargne salariale reflète une volonté de plus en plus marquée d’associer les salariés aux performances de l’entreprise. En 2023, 60% des primes d’intéressement et de participation ont été placées dans un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) ou un Plan d’Épargne Retraite Collectif (PERCO), au lieu d’être immédiatement perçues. Cette option est avant tout fiscalement avantageuse, permettant aux salariés de défiscaliser leurs primes, tout en leur offrant une épargne long terme.

Côté entreprises, l’utilisation de ces dispositifs renforce leur attractivité tout en optimisant les charges sociales. Les entreprises bénéficient d'une exonération de charges sociales pour les sommes versées dans ces plans, à l’exception de la CSG et de la CRDS. En outre, ces primes placées participent à la réduction de la masse salariale fixe, un enjeu central dans la gestion financière des entreprises.

Renforcer l’engagement des équipes et favoriser une culture de l’atteinte des objectifs

Derrière la moyenne des montants se cache une stratégie de répartition fine et de gestion des talents. En 2023, le nombre de bénéficiaires de la participation a doublé en 40 ans, passant de 2,9 millions en 1983 à 5,8 millions en 2023. Cette augmentation est le reflet d'une politique volontariste de certaines entreprises pour rendre ces primes plus accessibles. La démocratisation de l’accès à ces dispositifs est également liée à une volonté de mobiliser l’ensemble des collaborateurs et de renforcer l’engagement des équipes.

Les entreprises les plus réactives ont compris qu’offrir des primes compétitives et les intégrer dans des plans d’épargne est un levier stratégique de motivation. Ces primes sont non seulement un outil de récompense, mais aussi un moteur d’implication des salariés dans la performance collective. C’est un des moyens les plus efficaces pour favoriser une culture de l’atteinte des objectifs.

L'intéressement et la participation, c'est également pour les petites entreprises !

Les réformes législatives ont aussi joué un rôle clé dans l’accélération de cette dynamique. La loi PACTE de 2019, par exemple, a facilité l’accès à l’intéressement et à la participation pour les entreprises de moins de 50 salariés, en supprimant notamment le forfait social sur l’intéressement dans les entreprises de moins de 250 salariés. Ce type de réforme permet aux entreprises de taille intermédiaire et petite de se saisir de ces dispositifs sans peser sur leurs finances.

Cette évolution législative encourage également les PME à s’équiper de ces outils, devenant ainsi des alliés précieux dans la mise en place de plans de rémunération flexible. C’est une opportunité pour les entreprises qui souhaitent attirer et retenir les talents, tout en maîtrisant leur budget salarial.

Pourquoi les entreprises ne peuvent plus ignorer ces primes

Si certaines entreprises tardent encore à adopter ces dispositifs d’épargne, celles qui l’ont fait constatent une amélioration notable de la rétention des talents et une motivation accrue des équipes. Le chiffre d’affaires peut ainsi se retrouver indirectement boosté, par l'engagement des collaborateurs, tout en bénéficiant des avantages fiscaux et sociaux.

Les primes de participation et d’intéressement représentent désormais une norme incontournable pour les entreprises françaises, mais aussi un vecteur de performance collective. Leur évolution continue, loin de se limiter à une simple réponse aux crises économiques, traduit une transformation profonde de la manière dont les entreprises conçoivent leur relation avec les salariés. Et cette transformation, loin d’être anecdotique, pourrait bien marquer les prochaines décennies de la rémunération en entreprise.


Anton Kunin


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