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Le Japon recrute des SDF pour décontaminer Fukushima



Vendredi 3 Janvier 2014 - 17:30

Et la mauvaise note de la semaine en matière de gestion d'une action collective est attribuée au… Japon ! Le pays veut à tout prix nettoyer la zone de Fukushima, et fait appel pour l'occasion à des entreprises sous contrat qui emploient des SDF, payés en-dessous du salaire minimum, pour assurer des travaux de décontamination souvent dangereux…


Environ 10 000 personnes seraient employées pour décontaminer la zone autour de l'explosion nucléaire de la centrale de Fukushima.
Environ 10 000 personnes seraient employées pour décontaminer la zone autour de l'explosion nucléaire de la centrale de Fukushima.

"Sans décontamination, pas de reconstruction" rappelle le gouvernement japonais qui a décidé de tout mettre en oeuvre pour nettoyer les 2 000 km2 de la zone de Fukushima, autour de la centrale nucléaire, inactive depuis le 11 mars 2011, date de l'explosion. 

 

Le chantier est titanesque et le travail, un travail de fourmi. Pelleteuses, râteaux, jets d'eau, sacs à ordure pour tout nettoyer, tout racler, laver des centaines d'arbres, les occupations ne manquent pas pour les personnes recrutées pour l'occasion.

 

"Environ 10 000 hommes oeuvrent sur les quelques 2 000 km2 de terrain dont la décontamination est gérée par l'Etat, et au moins autant dans les zones plus faiblement affectées traitées par les collectivités locales" déclare à ce sujet Tsutomu Sato, un directeur de bureau de décontamination au ministère de l'Environnement.

 

Mais voilà, d'après une information révélée par un reportage de l'agence Reuters, ces décontaminateurs seraient en fait des SDF, recrutés à la va-vite pour l'occasion, et qui seraient payés moins que le salaire minimum ne l'impose, malgré la difficulté et les risques que ce genre de travail implique. Un comble quand on connaît le budget alloué à ce chantier. 

 

"Un budget de 1 800 milliards de yens a pour le moment été affecté à ces travaux, montant de l'année prochaine comprise" indique toujours Tsutomu Sato, précisant toutefois que "c'est la compagnie gérante de la centrale, Tokyo Electric Power, qui doit payer, mais l'Etat avance l'argent". 

 

Les entreprises recrutant ces SDF, seraient, selon Reuters, gérés pour certaines par la mafia japonaise, les yakuzas, qui profiteraient de la vulnérabilité financière de leurs recrues. Et comme c'est le gouvernement japonais qui fait appel à ces entreprises, on a du mal à croire qu'il ignore tout de cela. 

 

Selon les informations du Figaro.fr, après déduction des frais de nourriture et de logement, certains travailleurs ont vu leur salaire se réduire de 50 centimes par rapport au salaire minimum en vigueur à Fukushima.Même si, selon l'AFP, ces décontaminateurs sont assimilés à des travailleurs du secteur nucléaire et bénéficient du même suivi sanitaire et financier…



Jean-Baptiste Le Roux







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