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Travail hybride : 85% des salariés n’y voient aucun effet négatif sur leur productivité



Vendredi 26 Septembre 2025 - 17:35

Alors que le débat sur l’efficacité du télétravail reste vif, une étude d’Owl Labs révèle que pour 85% des salariés français, le travail hybride n’a eu aucun impact négatif sur leur productivité, voire l’a améliorée — un constat qui interpelle directement les pratiques managériales.


Pour un tiers des salariés, leur productivité s'est même accrue grâce au travail hybride

Publié le 24 septembre 2025, le 9ᵉ rapport annuel d’Owl Labs dresse un état des lieux précis du travail hybride en France. Réalisée auprès de 2.000 salariés à temps plein, l’étude met en lumière la manière dont ce modèle influence la productivité et la relation entre managers et salariés. Les résultats confirment une tendance : la flexibilité n’est plus une concession, mais un levier organisationnel à intégrer pleinement dans le management.

D'après cette étude, 50% des salariés estiment que leur productivité est restée stable, tandis que 35% la jugent renforcée grâce au travail hybride. Seule une minorité (15%) considère que ce mode a pu l’amoindrir. Ce constat met en perspective les inquiétudes persistantes des managers. En effet, 24% d’entre eux citent encore la productivité comme l’une des principales difficultés du télétravail, aux côtés de la communication (26%) et de l’engagement (25%).

Cette divergence souligne un décalage entre la perception des salariés et les préoccupations des dirigeants. Pourtant, 55% des managers reconnaissent désormais que le télétravail ou le travail hybride renforcent la performance des équipes. Cette évolution illustre une adaptation progressive des pratiques managériales, où la confiance et l’évaluation par résultats tendent à supplanter le contrôle direct. « Les dirigeants d'entreprise doivent se demander s'il vaut vraiment la peine d'imposer un retour complet au bureau alors que les niveaux de productivité sont maintenus, voire augmentés », commente Frank Weishaupt, le PDG d’Owl Labs.

« Microshifting », « coffee badging »... : de nouvelles pratiques émergent

Au-delà de la productivité, l’étude met en avant des évolutions comportementales qui transforment la gestion des équipes. Le phénomène du « microshifting » séduit déjà 50% des salariés : il s’agit de travailler par blocs courts et non linéaires, adaptés à l’énergie et aux tâches. Ce mode de travail remporte un fort succès auprès des jeunes générations, avec 63% des Gen Z et 60% des Millennials favorables, contre 34% des Boomers. Pour le management, cette tendance représente un changement culturel profond : il ne s’agit plus de « travailler plus longtemps », mais de « travailler mieux et plus intelligemment ».

Autre indicateur : le « coffee badging », pratique consistant à se rendre brièvement au bureau pour marquer sa présence, concerne désormais 26% des salariés en 2025, après un recul à 22% en 2024. Ce sont surtout les jeunes générations qui y recourent (38% des Gen Z et 31% des Millennials). Cependant, 66% des salariés préfèrent encore passer une journée complète au bureau, preuve que la productivité n’est pas incompatible avec une présence significative, mais qu’elle doit être choisie et non imposée.

Vers un management hybride centré sur la flexibilité et la confiance

L’étude révèle enfin que la transformation des espaces et l’introduction de technologies, notamment l’IA, soutiennent les nouvelles pratiques de travail. 45% des entreprises encouragent déjà l’usage de l’IA, et 66% des salariés y recourent, dont 12% quotidiennement. Ces investissements traduisent une volonté d’accompagner les salariés dans leur organisation hybride, tout en répondant aux attentes de flexibilité.

Mais les managers restent confrontés à un défi : concilier performance et engagement. Car si la productivité est globalement préservée, l’étude indique que 44% des salariés se disent désengagés, invoquant notamment des salaires jugés insuffisants (38%), un manque de reconnaissance (30%) et le burn-out (25%). Pour Frank Weishaupt, la solution passe par une nouvelle posture managériale : « Les entreprises doivent instaurer une culture de la responsabilité et veiller à ce que les managers soient formés pour tirer le meilleur parti de leurs collaborateurs hybrides ».

Ainsi, le travail hybride n’apparaît pas comme une menace pour la productivité, mais comme une invitation à repenser le management : moins de contrôle, plus de confiance et une adaptation constante aux attentes des générations montantes.


Anton Kunin







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