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Le reverse factoring change les rapports entre fournisseurs et donneurs d’ordres



Vendredi 22 Juin 2012 - 12:34

Innovation d’origine italienne, le reverse factoring est aujourd’hui de plus en plus pratiqué par les entreprises françaises. Cette technique permet de payer les fournisseurs plus rapidement au moyen d’un aménagement du contrat d’affacturage. Un procédé dont l’utilité s’est révélée d’autant plus forte depuis l’adoption en 2008 de la loi de modernisation de l’économie qui entend favoriser la réduction des délais de paiement au profit de la sécurité des PME françaises.


Le reverse factoring change les rapports entre fournisseurs et donneurs d’ordres
Les contrats d’affacturage traditionnels sont généralement passés à l’initiative du fournisseur dans le but de couvrir la demande du client tout en se prévalant autant que faire faire se peut du risque en matière de règlement. À l’inverse, le contrat reverse factoring, ou contrat d’affacturage inversé, est passé à l’initiative du client auprès du fournisseur et avec le concours d’une société d’affacturage – le factor –. Le client se porte alors garant du remboursement de la facture auprès du factor qui, en échange, accepte de régler sous 48 heures la somme due au fournisseur pour le compte du client. De cette façon, le contrat d’affacturage inversé entend répondre au besoin de financement du fournisseur de façon prioritaire.
 
Cette pratique a été inaugurée par la société italienne Fiat dans les années 1970. Le système s’est aujourd’hui largement popularisé et diffusé à l’extérieur de l’Italie : on le retrouve ainsi pratiqué sous des formes apparentées en Allemagne, où il est souvent désigné sous le nom de crédit acheteur, et bien sûr en France où les sociétés de la grande distribution se le sont approprié.
 
Dans l’hexagone, l’affacturage inversé est toutefois encore peu pratiqué. Il s’agit d’un service peu connu et proposé par quelques banques françaises seulement. Solution originellement privilégiée par les grands groupes commerciaux, la pratique du reverse factoring s’étend toutefois progressivement aux plus petites entreprises. Il est vrai que l’affacturage inversé constitue pour elle en effet, une précieuse source de liquidités dans des conditions d’accès au crédit par ailleurs difficiles. Cette solution constitue donc des termes d’échange privilégiés avec certains clients. Sur les marchés publics où le règlement d’une prestation peut être longue de plusieurs mois, le reverse factoring est ainsi très apprécié des PME et soulage la pression que font peser ce type de client sur leur trésorerie.
 
Le reverse factoring comporte l’avantage considérable de permettre au fournisseur d’être payé comptant tout en autorisant au client de continuer de bénéficier de délais de paiement. Dans la pratique toutefois, le recours à ce type de mécanisme peut rapidement être instrumentalisé par le client dans une négociation avec son fournisseur au motif que ce type de financement favorise ce dernier. Pour éviter que la gestion de la transaction ne favorise une révision à la baisse du prix d’achat, il est donc préférable de s’assurer que le client est de confiance et peut participer au dispositif en toute cordialité.
 
Le reverse factoring est l’illustration typique d’une coopération étroite entre fournisseurs et donneurs d’ordres. En l’utilisant, ce dernier met en jeu sa réputation et permet à son fournisseur d’accéder facilement à des liquidités en passant par une société d’affacturage qui règle comptant le montant de la commande. En somme, l’affacturage inversé constitue pour les fournisseurs une excellente alternative au crédit à court terme dans un contexte d’accès difficile au crédit. Le système offre également l’avantage de normaliser les échanges entre fournisseurs et donneur d’ordre au regard de la loi LME. Enfin, l’affacturage inversé constitue aussi un outil de fidélisation important des fournisseurs dont le savoir-faire peut constituer une valeur stratégique et indispensable pour l’activité des donneurs d’ordres. L’esprit du reverse factoring étant avant tout collaboratif, il peut toutefois être préférable pour le fournisseur de réserver cette solution de paiement à des partenaires connus, le donneur d’ordre restant en position de force sur la question des prix et maître de la majeure partie de la gestion de ce type de transaction.









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