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Société Générale : bras de fer social autour du rabotage du télétravail



Vendredi 27 Juin 2025 - 17:45

Face à la décision unilatérale de limiter le télétravail à un jour par semaine, les syndicats CFDT, CGT, CFTC et CFE-CGC de la Société Générale dénoncent un passage en force et une atteinte aux acquis sociaux. Entre grèves et actions symboliques, le dialogue social est au point mort dans une entreprise déjà marquée par des restructurations.


Un retour en arrière brutal, source de tensions syndicales

À la Société Générale, le climat social s'est brutalement tendu après l’annonce, mi-juin 2025, de la direction de réduire drastiquement les jours de télétravail autorisés. Une décision perçue par l’ensemble des syndicats représentatifs comme un recul sans précédent : « un véritable détricotage de nos droits », selon la CFDT. Jusqu’alors, la majorité des salariés bénéficiaient de deux à trois jours de télétravail hebdomadaire, en vertu d’un accord signé en 2021. L’annonce de ce revirement, faite par un simple message interne sans concertation préalable, a provoqué une onde de choc parmi les salariés et leurs représentants.

L’intersyndicale (CFDT, CGT, CFTC, CFE-CGC) a immédiatement réagi en appelant à une grève nationale. Cette mobilisation, fortement suivie selon les premières estimations, a cristallisé le mécontentement d’une large partie des collaborateurs. Beaucoup évoquent un sentiment de trahison. Le retour contraint au présentiel, notamment dans des fonctions support historiquement habituées au télétravail, est perçu comme une remise en cause de l'équilibre vie pro/vie perso et de la modernité managériale affichée par le groupe.

​Une logique managériale contestée et des moyens remis en question

Pour la direction, ce changement répond à une volonté de renforcer la cohésion d’équipe et la dynamique collective, mise à mal selon elle par le télétravail étendu. Mais cette justification est loin de convaincre. D’après la CGT, il s’agit d’un « plan social déguisé » : en poussant certains salariés à bout, la mesure pourrait encourager des départs volontaires sans en assumer les coûts. Dans Capital, plusieurs représentants syndicaux dénoncent aussi une absence totale de dialogue, alors que l’accord en vigueur court encore jusqu’à juillet. Une dénonciation formelle est d’ailleurs envisagée par la direction, accentuant les tensions.

L’autre point de friction réside dans la logistique même d’un retour massif sur site. Il faut savoir que les locaux actuels ne sont ni adaptés ni suffisants pour accueillir simultanément l’ensemble des effectifs. « Si tout le monde vient en même temps, ce sera un sacré bordel », ironise un salarié interrogé par Libération, pointant du doigt la pénurie de bureaux, de places de parking et de ressources IT. Pour illustrer cette inadéquation, les syndicats ont prévu une action symbolique le 3 juillet 2025 : une journée «Tous sur site », censée démontrer l’absurdité matérielle de la mesure. Une manière de dénoncer une politique déconnectée des réalités opérationnelles, et perçue comme punitive plus que stratégique.


Anton Kunin


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