Aux yeux de Donald Trump, le parcours de Lip-Bu Tan n'est pas exempt de zones de friction
Dans les annales du management, rares sont les cas où un chef d’État appelle ouvertement à la destitution d’un dirigeant d’entreprise privée. Pourtant, Donald Trump n’a pas hésité : « Le PDG d'INTEL est en grande difficulté et doit démissionner immédiatement. Il n'y a pas d'autre solution à ce problème ». Un tel coup de tonnerre pose une question centrale : comment une entreprise de l’ampleur d’Intel gère-t-elle une crise où la politique interfère directement avec le leadership exécutif ? Le défi dépasse la simple communication : il touche à la légitimité même de la direction.
Lip-Bu Tan n’est pas un novice en gouvernance. Ancien président exécutif de Cadence Design Systems, il a affronté en 2012 une amende colossale de 140 millions de dollars (environ 128 millions d’euros) pour violation des sanctions américaines.
Plus stratégique encore, son rôle de fondateur de Walden International a façonné son profil d’investisseur mondial. Ce fonds a financé plus de 200 entreprises chinoises, dont certaines, selon un rapport du Congrès 2024, ont des liens directs avec l’Armée populaire de libération. Pour un actionnaire ou un conseil d’administration, ce genre d’héritage professionnel devient une bombe à retardement en matière d’image et de conformité réglementaire.
Lip-Bu Tan n’est pas un novice en gouvernance. Ancien président exécutif de Cadence Design Systems, il a affronté en 2012 une amende colossale de 140 millions de dollars (environ 128 millions d’euros) pour violation des sanctions américaines.
Plus stratégique encore, son rôle de fondateur de Walden International a façonné son profil d’investisseur mondial. Ce fonds a financé plus de 200 entreprises chinoises, dont certaines, selon un rapport du Congrès 2024, ont des liens directs avec l’Armée populaire de libération. Pour un actionnaire ou un conseil d’administration, ce genre d’héritage professionnel devient une bombe à retardement en matière d’image et de conformité réglementaire.
La réponse d’Intel : communication de crise et posture institutionnelle
Intel a réagi avec un ton mesuré, affirmant : « Nous restons profondément engagés envers la sécurité nationale des États-Unis et nos investissements sont alignés avec l'agenda l’America First ».
En termes de management, cette position cherche à préserver la confiance des actionnaires et des partenaires publics, notamment dans le cadre du Chips and Science Act, qui apporte 8,5 milliards de dollars (environ 7,75 milliards d’euros) pour soutenir ses fonderies américaines. Mais la chute de 3% du titre en Bourse montre que les marchés doutent de la capacité de l’équipe dirigeante à naviguer dans cette tempête.
En termes de management, cette position cherche à préserver la confiance des actionnaires et des partenaires publics, notamment dans le cadre du Chips and Science Act, qui apporte 8,5 milliards de dollars (environ 7,75 milliards d’euros) pour soutenir ses fonderies américaines. Mais la chute de 3% du titre en Bourse montre que les marchés doutent de la capacité de l’équipe dirigeante à naviguer dans cette tempête.
Un conseil d’administration face à un dilemme stratégique
Pour le conseil d’administration d’Intel, la situation est un cas d’école : maintenir un dirigeant expérimenté mais exposé à des accusations politiques lourdes, ou céder à la pression publique et déclencher un changement à la tête, avec les risques de transition que cela comporte.
Dans un secteur déjà soumis à des cycles technologiques rapides, retarder des décisions ou envoyer des signaux ambigus aux investisseurs peut coûter cher. D’autant qu’Intel est en pleine restructuration, avec suppression de 15% des postes et annulation de projets industriels en Europe.
Dans un secteur déjà soumis à des cycles technologiques rapides, retarder des décisions ou envoyer des signaux ambigus aux investisseurs peut coûter cher. D’autant qu’Intel est en pleine restructuration, avec suppression de 15% des postes et annulation de projets industriels en Europe.
Quand gouvernance et géopolitique se télescopent
Le cas Lip-Bu Tan rappelle une réalité souvent sous-estimée : dans un monde où les chaînes d’approvisionnement sont mondialisées, la ligne entre stratégie d’entreprise et politique internationale est floue. Les accusations de collusion avec la Chine ne sont pas qu’un problème de relations publiques — elles deviennent une question existentielle pour l’avenir de la société.
Dans ce contexte, la gouvernance ne se limite plus à superviser la performance financière. Elle implique de gérer les risques géopolitiques, les pressions gouvernementales et les perceptions médiatiques. Autant dire que pour Intel, le conseil d’administration est désormais en première ligne d’une bataille dont l’issue reste incertaine.
Dans ce contexte, la gouvernance ne se limite plus à superviser la performance financière. Elle implique de gérer les risques géopolitiques, les pressions gouvernementales et les perceptions médiatiques. Autant dire que pour Intel, le conseil d’administration est désormais en première ligne d’une bataille dont l’issue reste incertaine.