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La stratégie océan bleu : quand vaincre la concurrence revient à ne pas l’affronter



Vendredi 27 Juillet 2012 - 18:16

Quels sont les marchés sur lesquels une entreprise peut espérer réaliser les plus fortes croissances aujourd’hui ? Pour W. Chan Kim et Renée Mauborgne, chercheurs rattachés au Blue Ocean Strategy Institute de l’INSEAD, la réponse est simple : ils n’existent pas ! Ou du moins pas encore : les entreprises qui réussissent le mieux aujourd’hui sont celles qui ont su créer un marché de toutes pièces. A mille lieux de céder à un pessimisme facile quant à l'arrivée à maturité des marchés, le paradigme de ces deux auteurs – paradigme dit de l’océan bleu – ramène le cœur de la culture entrepreneuriale au centre du débat sur les facteurs clés de succès du développement d’entreprise.


La stratégie océan bleu : quand vaincre la concurrence revient à ne pas l’affronter
Dans les locaux du prestigieux Institut européen d’administration des affaires, W. Chan Kim et Renée Mauborgne ont élaboré un paradigme du marché qui leur a valu l’ouverture d’un centre de recherche dans cette même école. Baptisé stratégie océan bleu, ce paradigme prend le contrepied résolu de Michael Porter dont l’œuvre irrigue largement la littérature actuelle sur la stratégie d’entreprise. W. Chan Kim et Renée Mauborgne rejettent en effet l’alternative binaire proposée par Porter aux entreprises dans leur quête de croissance : pour les deux auteurs, le développement d’une affaire peut se réaliser autrement que par la concurrence par les prix ou le positionnement sur une niche de marché.
 
Pour les deux auteurs de l’INSEAD, le paradigme stratégique proposé par Porter ne concerne qu’une partie d’un marché global considéré. Cette partie du marché, W Chan Kim et Renée Mauborgne la désignent sous le nom d’océan rouge ; soit les parties connues d’un marché généré par des activités et des industries préexistantes. Les océans rouges tirent leur nom de la rigidité des parties du marché qu’ils désignent. Les besoins et les offres y sont connus, les acteurs et leur capacité également. Les compétiteurs n’ont que peu d’opportunité de prendre l’avantage sur les océans rouges ; la bataille qui s’y livre pour les parts de marché est donc rude et sanglante.
 
Les océans bleus en revanche désignent ces parties du marché non exploré. Ces dernières rassemblent les industries et les activités qui n’ont pas encore émergé à la connaissance de l’homme. Sur un océan bleu, la concurrence n’existe pas. L’entreprise qui défriche cet espace inexploré a dès lors à sa disposition une infinité de leviers de croissance forte et rapide. L’innovation se trouve bien sûr au centre du processus de création d’un océan bleu ; c’est en effet elle qui permet la création de nouveaux marchés sur lesquels les entreprises peuvent naviguer à leur gré en captant la demande.
 
Avec la stratégie de l’océan bleu, W. Chan Kim et Renée Mauborgne proposent un paradigme stratégique résolument positif. Le développement d’une entreprise, la relance d’une activité et plus généralement la croissance d’une affaire peuvent s’effectuer à la marge de la compétition économique directe traditionnelle. La recherche systématique de l’innovation doit en effet permettre de déboucher sur de nouveau marché exempt de concurrence et suffisamment calme pour permettre à l’entreprise qui l’a découvert de se développer significativement, mais aussi d’y ériger ses propres règles et barrières concurrentielles. En dépassant la simple recherche de l’avantage concurrentiel et en replaçant la découverte et l’innovation au centre des facteurs clés du développement de l’entreprise, le paradigme de l’océan bleu réhabilite ainsi un des fondements mêmes de l’esprit entrepreneurial : en l’occurrence ce brin d’audace qui pousse les explorateurs à repousser les frontières connues.




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