managementhebdo

Grandeurs et décadences d'un seigneur du web : Jason Goldberg



Vendredi 10 Janvier 2014 - 19:37

Jason Goldberg est un « serial-entrepreneur » américain qui a créé plusieurs start-up ayant connu le succès météorique… avant de sombrer sous le coup de la folie des grandeurs de son fondateur.


En 2004, cette ancienne petite main de l'administration Clinton décide de se lancer dans les affaires et lance Jobster. Ce site permettait de compiler, gérer et consulter les expériences professionnelles de ses utilisateurs - pendant un temps, le site a pu se positionner comme le concurrent du réseau social LinkedIn. À la fin de l'année 2006, deux ans après avoir levé des millions de dollars de fonds, Jobster commence à licencier du personnel… malgré les dénégations de son fondateur, Jason Goldberg, qui préférait parler profitabilité de l'entreprise. Le site ne s'est pas relevé des nombreux changements de pied et de modèle impulsés par son créateur, qui passe d'une marotte à une autre : outil de gestion professionnel, puis moteur de recherche et réseau social, le portail a fini par ne plus ressembler à rien. 
 
À terme, les effectifs ont fondu de 41% et si le site continue d'exister aujourd'hui, c'est sous la forme d'un banal portail de recherche d'emploi. À l'époque, Goldberg expliquait avoir fait toutes les erreurs possibles, sous-entendu : on ne l'y reprendrait pas. C'est pourtant bien ce qui est en train de se passer avec Fab.com.
 
À la base réseau social pour la communauté homosexuelle, Fab.com s'est transformé en site de ventes flash d'objets design. Ce modèle économique a rencontré un gros succès dont Goldberg n'a pas su se satisfaire : en décembre 2012, le site devient un portail d'e-commerce traditionnel; d'événementiel, Fab.com est devenu tristement banal. Les visites ont immédiatement commencé à décliner et les revenus à baisser, même si Goldberg, fort de son charisme, parvient à lever de plus en plus de fonds (336 millions de dollars en août 2013 !)
 
Dès l'été 2013, les premiers licenciements ont lieu. Comme pour Jobster, Jason Goldberg a longtemps nié ces dégraissages. Au plus fort de son expansion, Fab.com a compté 700 employés; en novembre, ils n'étaient plus que 380.
 
La destinée de Fab.com sera t-elle la même que celle de Jobster ? Peut-être pas. Le créateur de ces deux sites s'est semble t-il repris et a assumé dans un long billet paru sur son blog  qu'il s'était trompé, aveuglé par la croissance de ses entreprises et par les perspectives trompeuses. Un mea-culpa qui ne va pas sauver Fab.com de la chute inéluctable, à moins que Goldberg ne se reconcentre sur ce qui a fait le succès du site. Il en a visiblement conscience, ce qui est un premier pas.
 


Olivier Sancerre







Facebook
Twitter