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Goodyear : un procès hors norme



Vendredi 5 Octobre 2018 - 15:30

Les prud'hommes d’Amiens jugeaient ce jeudi 4 octobre la plainte de 832 ex-salariés Goodyear de l'usine d'Amiens pour licenciement abusif.


832 anciens salariés de l'usine Goodyear contestent leur licenciement

Ils sont au total 832 anciens salariés de l'usine Goodyear d'Amiens Nord à contester leur licenciement. En effet, ces derniers estiment qu'il n'y a pas de cause économique réelle et sérieuse. C'est donc un procès hors norme qui se déroulait ce jeudi 4 octobre. Selon leur avocat, ce fut pour eux une « catastrophe sociale » lorsqu'en 2014 la direction de l'entreprise de pneumatiques a plaidé les difficultés financières pour les licencier par centaines.

Le conseil des prud'hommes avait été délocalisé pour l'occasion. Dans l'auditorium du parc des expositions, entre 400 et 500 personnes,  surtout des ex-salariés venus parfois avec leur famille en soutien, ont suivi l'audience de 9 à 19 heures. Certains portaient des T-shirts aux messages évocateurs : « Goodyear Amiens, patrons voyous », « Nous sommes tous Goodyear », « Non aux licenciements ». La décision a été mise en délibéré au 16 mai 2019.

Année 2014, des bénéfices records pour Goodyear

Afin de démontrer que les causes des licenciements ne peuvent être financières, l'avocat a, pendant quatre heures, insisté sur les bénéfices du groupe Goodyear américain auquel appartenait Goodyear Dunlop Tires France (GDTF). L'homme de loi a notamment évoqué l'exercice 2014, où le groupe a eu un résultat net de 2,5 milliards de dollars après impôts, soit un record jamais atteint auparavant pour Goodyear depuis sa création.

Enfin, comme un atout que l'on sort de sa manche, l'avocat montre enfin un document remis par la direction mondiale de l’entreprise au gendarme financier américain, dans lequel Goodyear reconnaît que « le transfert de la production de pneus agraires [va] améliorer [leur] résultat d’exploitation dans la zone Europe à hauteur de 75 millions de dollars par an ».

Lavocat des salariés a aussi tenté de tente de démontrer que le véritable contrôle du groupe se situe au Luxembourg, au siège de « GDTO » la filiale créée par Goodyear pour jouer le rôle de centre financier. Depuis les années 2000, les bénéfices de la vente des pneus étaient enregistrés au Luxembourg et l’usine française ne percevait en retour que les frais de fonctionnement, plus 5 % de bénéfice. Et il s'agit là d'un point clef du procès puisqu'il déterminera le périmètre retenu pour estimer la santé économique de l’entreprise et donc la validité des licenciements.


Marie-Eve JAMIN







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