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Thomas Savare : la reconquête pour moteur



Jeudi 3 Septembre 2015 - 10:00

Discret dirigeant à la tête du Stade Français depuis 2011, Thomas Savare s’illustre également comme directeur général d’Oberthur Fiduciaire depuis 2008. Des tribunes du stade Jean Bouin au siège social d’un des leaders mondiaux de l’impression de haute sécurité, cet ingénieur de formation semble guidé par le même goût du défi et un certain sens de l’entrepreneuriat.


Un meneur de jeu ambitieux

Crédit : Flickr / CpasKmoi
Crédit : Flickr / CpasKmoi
Sacré champion de France en titre le 13 juin 2015, le Stade Français n’a pourtant pas toujours vu la vie en rose. Le 27 juin 2011, Thomas Savare succède à Max Guazzini à la tête d’un club affaibli par un déficit de près de 6 millions d’euros et menacé de perdre sa place dans le Top 14. La Direction Nationale d'aide et de Contrôle de Gestion (DNACG) en charge des clubs affiliés à la Fédération Française de Rugby (FFR) a accepté le plan de relance proposé par l’entrepreneur et ses investisseurs. Thomas Savare compte bien transformer l’essai sur ce nouveau terrain, comme il a su se démarquer sur la scène internationale en tant que chef d’entreprise.
 
Redonner au club sa stature de leader au sein de l’Ovalie, tel est le challenge pour le nouveau président qui affiche depuis plus de trois ans le même objectif sportif: «  faire partie du Top 6  ». Et à l’ère de la professionnalisation de la rugby-sphère, le défi est également de gérer un club devenu une véritable entreprise, une marque forte. « Je suis un entrepreneur, pas un ancien champion de rugby », rappelle Thomas Savare dont la priorité est de ramener une bonne santé financière au club. Pour la saison 2013-2014, l’entrepreneur a ainsi récolté un budget de près de 25 M€. « Maintenant, c’est au Stade Français de trouver son modèle économique viable avec son stade, ses spectateurs, ses partenaires» explique Thomas Savare qui veille à ce que le club génère ses propres ressources.
 
Le manager mise notamment sur l’exploitation du nouveau stade Jean-Bouin. Pragmatique, ce centralien de formation confie que sans ce projet, il n'aurait « absolument pas repris le Stade français . (…), il n'est pas possible d'envisager d'avoir un club en Top 14 sans un outil de travail moderne, surtout à Paris ». Il s’agit de la plus grande enceinte dédiée au ballon ovale en France, pouvant accueillir 20 000 personnes. Le stade rénové dispose également d’une cinquantaine de loges et de salons de réception. « Ils sont déjà remplis aux deux tiers et peuvent générer des revenus comparables à l'ensemble de la billetterie grand public » précise Thomas Savare. Cette stratégie permet également de proposer un véritable lieu de vie, qui fédère le « pack » du président et les supporters autour de valeurs communes.

La « méthode » Savare : l’âme d’entreprendre

C’est d’ailleurs dans ces valeurs fortes, portées par le rugby, que Thomas Savare puise afin de mener sa stratégie de reconquête aussi bien au sein du Stade Français que chez Oberthur Fiduciaire. Sa signature est celle d’un manager qui assume les synergies entre ses responsabilités dans deux mondes qu’il ne considère pas si éloignés que cela. Ainsi, le nouveau président voit son rôle au Stade Français comme étant « proche de ce qu'il se passe dans une entreprise : gérer l'humain, le groupe et la synergie entre les gens» déclarait ainsi le PDG d’Oberthur Fiduciaire.  « Le rôle du leadership et du management est prépondérant. Fort heureusement au sein du Stade français comme au sein d’Oberthur Fiduciaire nous sommes grandement aidés par l’histoire et l’identité forte de ces structures. Au sein de l’un comme de l’autre, chacun a le sentiment d’être le dépositaire d’une tradition prestigieuse qu’il faut faire perdurer. C’est un atout immense que je m’attache à préserver » explique Thomas Savare.
 
En effet, reconquérir, c’est aussi valoriser et consolider un héritage. Ainsi, sur tous les terrains, Thomas Savare s’attache à enrichir une histoire grâce à une stratégie taillée à l’épreuve d’un environnement toujours plus compétitif. Cette stratégie a fait ses preuves chez Oberthur Fiduciaire qui imprime aujourd’hui quelques 5 milliards de billets pour 70 banques centrales à travers le monde. Et si le dirigeant impose sa marque de fabrique, il compte bien rester fidèle au sillage tracé par son père, Jean-Pierre Savare, qui est à l’origine du rachat d’Oberthur Fiduciaire pour un franc symbolique en 1984. Ce dernier, d’un naturel assez discret mais dont le franc parler ressurgit ci et là au quart de tour, n’hésite pas non plus à dresser des analogies entre le monde de l’entreprise et l’univers sportif : « Le groupe Oberthur est une équipe à laquelle nous appartenons. Or, Thomas [Savare] et moi-même  ne sommes pas hommes à quitter le terrain en plein milieu du match. »
 
Ainsi, lorsqu’en 2014, une querelle familiale éclate avec ses filles quant au bienfondé de l’investissement d’Oberthur Fiduciaire dans le Stade Français, le patriarche s’empresse aussitôt de prendre la parole derrière le masque du meneur de pack qu’il incarne avec vigueur et un certain brio : « Un fleuron industriel ne se gouverne pas dans la pagaille, et il m’appartient (…) de le préserver des vicissitudes de la vie actionnariale. » Une façon de rappeler, pour qui en doute encore, que le ni Stade Français ni le groupe qu’il a fondés ne sont… des clubs de majorettes.
 
Thomas Savare compte également rester fidèle à l’héritage laissé par Max Guazzini auquel il a rendu hommage lors de la passation de pouvoir. « Max a donné au Stade Français une image que n'a aucun club du Top 14. Il a su se différencier et développer un capital sympathie très fort. Je souhaite capitaliser sur cette image, cette ambiance. On va conserver l'ADN du Stade Français » atteste Thomas Savare. Récemment, le président a affirmé que l’arrivée d’un nouvel équipementier la saison prochaine ne changera rien: « le rose (…)  devenu depuis dix ans la marque de fabrique du club (…) restera. Thomas Savare sait d’où il vient et où il va. Et question image de marque, l’entrepreneur parle avec expérience. « Les Français, qui souvent doutent de leur capacité à réussir dans la mondialisation, seraient étonnés de constater combien notre pays jouit généralement d’une bonne image à l’international. C’est là un atout que nous devrions davantage exploiter » confie le dirigeant comme un conseil glissé aux entrepreneurs qui désirent, eux aussi, s’engager dans la mêlée. 


La Rédaction


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